Quel avenir pour les organismes de formation après le Covid-19 ? [interview]

par Juliette | mai 25 , 2020 |

Digital Learning Formation Transformation digitale

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Nouvelles manières d’échanger, de travailler, d’apprendre, de comprendre : voilà ce que la crise du Covid-19, via le télétravail, a commencé à nous enseigner. Seulement, pour les organismes de formation qui basaient une grande partie de leur offre sur le présentiel, la période a été complexe.

Philippe Lamblin dirige Version Définitive, un organisme de formation et de coaching qui permet à ses apprenants de mieux communiquer avec eux-mêmes, avec les autres et en public. Il a accepté de nous parler de la période, et de ce qu’elle lui a apporté comme lot de réflexions et de challenges, notamment du point de vue de la digitalisation de la formation. 

Découvrez une interview inspirante, qui témoigne des nouvelles attentes des apprenants après la période de confinement, et des défis à venir pour les organismes de formation.

Les challenges à venir des organismes de formation après la période de confinement

Quels ont été les challenges pour votre organisme de formation au cours de la période de confinement ?

Tout d’abord, le premier challenge a été d’accepter de perdre 90% de notre chiffre d’affaires en une semaine à peine. Le début de la période a donc été semée de panique. Ajoutez à ça un enjeu extra-professionnel fort : celui de gérer l’entreprise dans une période compliquée en même temps que ma logistique familiale… Il a donc fallu redoubler de créativité, de concentration, et d’inspiration.


Comment avez-vous adapté votre offre de formation à cette période inédite ?

Nous avons commencé par informer les clients que toutes nos offres de coaching, habituellement menées en présentiel, pouvaient se faire en ligne, par Skype ou FaceTime. Au début, nous avons eu assez peu de retours.

Par conséquent, nous avons proposé des offres un peu plus ad hoc à la situation, notamment des conférences en ligne. Celle que nous avons donnée sur Microsoft Teams, avec un historien de l’art, sur “L’innovation au prisme des grands peintres”, a bien fonctionné. Ce sont ces conférences en ligne qui nous ont permis de récolter des demandes de coaching et de formation digitalisés.

Ainsi, nous sortons de cette période de confinement avec de nouvelles sessions prévues pour septembre, octobre et pour 2021. L’organisme de formation reste encore un peu fragile, mais nous survivons pour l’heure grâce à ces offres en ligne.

Avez-vous perçu des comportements ou des attentes différentes de la part de vos apprenants ?

Pour l’instant, nous avons assez peu de recul sur la période. Auparavant, nous faisions majoritairement du présentiel, et la réaction première de nos apprenants a donc été de reporter ou d’annuler les sessions prévues, plutôt que de chercher une alternative.

Mais on sent bien que la demande de formation en ligne va continuer à se développer. C’est d’ailleurs pour ça que Version Définitive se doit d’être un organisme de formation proactif. Certaines de nos sessions de juin n’ont pas encore été annulées : nous devons travailler activement pour les maintenir, sans doute en les digitalisant elles aussi.

Avez-vous tiré des conclusions sur votre organisme de formation de cette période de crise ? 

Même si la période a été difficile, elle s’est également avérée stimulante : il nous a fallu trouver des ressources créatives pour adopter un nouveau modèle.

Le temps libéré par les annulations de formations m’a obligé à refaire le point sur notre offre, ce qui nous différencie, nos talents propres, nos spécificités. En somme, nous avons fait une forme d’introspection, parsemée d’études de marché, de la concurrence, d’étude marketing, pour nous repositionner sur un marché digitalisé.

Et une grande autre conclusion est apparue : que le télétravail, et plus globalement le digital, va dans le sens de l’histoire. Voilà longtemps que je défendais intuitivement le télétravail, que j’en voyais les bénéfices. Mais la crise du Covid-19 nous a prouvé que nos entreprises étaient mûres pour passer le cap désormais, et pour trouver le bon équilibre, en digitalisant plus de postes.

Quels sont vos défis à venir ?

Le gros challenge de notre organisme de formation va être justement de digitaliser notre offre. L’objectif : garder une partie de présentiel, mais le repenser à l’aune du digital, pour qu’il créé une véritable valeur pour les apprenants.

D’autre part, nous avons également pour objectif de mettre en place des stratégies de passive income grâce au digital : des offres qui tournent “automatiquement” en ligne, et qui apportent une manne d’apprenants en continu. C’est un gros travail, mais nous le gardons en tête.

Justement, pouvez-vous nous en dire plus sur vos projets de digitalisation de vos offres ? 

In fine, nous voulons aboutir à deux types de formations différentes : certaines en 100% e-learning, d’autres en blended learning (un mix de digital et de présentiel). Pour l’instant, nous nous adressons à des cibles BtoB ; mais nous avons conscience que le digital permettrait de toucher des cibles plus larges, notamment BtoC.

Pour l’instant, nous sommes réellement en veille : nous nous interrogeons, nous réfléchissons, nous analysons notre offre actuelle et celles de nos concurrents. Le but est de se positionner dès le départ de manière claire et différenciante, pour réussir cette aventure digitale.

Pour vous, à quoi ressemble la formation de demain ? 

Intuitivement, je pense qu'elle est très composite. Selon moi, elle sera constituée à la fois de digital (en amont, pendant, et en aval de la formation) et de présentiel qui, selon moi, ne disparaîtra pas totalement. Grâce au digital, la formation de demain impliquera davantage l’apprenant, grâce à des outils comme des évaluations en ligne, des quiz…

En fait, je vois la formation de demain comme un véritable parcours, avec plusieurs étapes, plusieurs briques. Au sein de ces briques, l'implication, la responsabilité et la liberté de l'apprenant seront davantage engagées.

Mais je persiste à dire que la dimension physique reste essentielle, notamment dans l'apprentissage émotionnel. Nous ne sommes pas des machines. Nous devons donc repenser nos formations, pour créer une vraie valeur humaine avec le digital, et nous interroger sur ce qui reste au-delà du virtuel, si ce n’est cette connexion charnelle, incarnée, qui fait de nous des Hommes avant tout.

 

Merci à Philippe pour le temps accordé, et cette interview à coeur ouvert sur les défis que rencontre son organisme de formation !

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